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I- Les Jeux Olympiques : vitrine de la puissance

Les retombées des JO en terme de notoriété pour le pays organisateur et le pouvoir en place sont considérables. Tout d'abord, la manière dont un pays va accueillir et "utiliser" les Jeux va modifier son image et la place qu'il occupe pays sur la scène internationale. Sur le plan intérieur, la nécéssaire mobilisation de la population autour du projet pourra avoir des conséquences politiques importantes.

A. Le pays hôte mène une action 

diplomatique vers l'extérieur:

il renforce sa notoriété

 

Les étapes du processus de candidature :

Première phase de présélection:

  • Soumettre au CIO un dossier écrit de demande de candidature.
  • Le CIO établit la liste des villes candidates après examen de tous les dossiers. La sélection s'effectue à partir de critères techniques, éthiques et politiques.
    • Respecter la charte Olympique ( voir "la Charte Olympique" rubrique sources)
    • Etre conforme aux normes Olympiques dictées par le CIO (capacités, sécurité des infrastructures essentiellement)

Seconde phase de sélection:

  • Le pays candidat doit élaborer puis soumettre un dossier de candidature extrêmement précis. Par exemple, voici celui de Vancouver.
  • Analyse des dossiers détaillés par le CIO
  • Présentation sur place des dossiers, de maquettes, de films ( voici celui de  puis réponse aux questions des électeurs (du comité).

Decision du CIO par le vote:

  • Les membres du CIO effectuent alors un vote afin de déterminer le pays et la ville hôte. A titre d'exemple, pour la candidature des Jeux Olympiques de 2008, seules les villes de Pékin, Toronto, Paris, Istambul et Osaka restaient en course lors de la sélection finale. Aprés le premier tour, Osaka fut éliminé puis lors du second tour, Pékin a obtenu assez de voies pour atteindre la majorité absolue.
  • Pour avoir tous les détails sur l'élection des villes hotes des jeux Olympiques, cliquez ici!
Jacques Rogge, Président du CIO

 

Au delà de ce processus, ce qui fait la différence, c'est le vote final du CIO. Celui-ci est constitué de 115 membres qui représentent chacun un pays et disposent d'une voie. Ainsi, le vote des Etats Unis représente autant que celui du Burkina Faso.

Dans cette perspective, tous les pays candidats se doivent d'exercer une action diplomatique vers l'extérieur afin de gagner un maximum de votes favorables pour être ainsi élu. On a pu observer que ces pressions peuvent être parfois excessives et dépassent largement le cadre sportif.

Quelques exemples  :

  • La pression économique: La France a voté pour Rio ayant en perspective de grands contrats d'armement. 
  • La pression politique: Paris a bénéficié des votes de tous les pays francophones. 
  • La corruption et les arrangements de toutes sortes qui peuvent avoir lieu sous forme d'achat de vote, mais aussi en amont lors du processus de candidature. Par exemple, la Chine se serait entendu secrètement avec Jacques Rogge pour que Pékin obtienne les J.O. et que lui soit élu président du CIO. C'est ce que révèle l'ancien ministre chinois des Sports.  Aussi, Salt Lake City (station de ski) est connue pour avoir dépensé 15 millions de dollars pour accueillir les membres du CIO, leur offrir des cadeaux, financer les études de leurs enfants... et leurs soins médicaux afin d'obtenir l'organisation des Jeux d'hiver 2002.

 On remarque donc que pour accueillir les Jeux Olympiques certains organisateurs sont prêts à tout. En revanche, un pays qui négligerait cet aspect diplomatique aurait de très faibles chances d'être choisi, quelque soit la qualité de son dossier. 

Vis a vis de la communauté internationale, être élu pays organisateur constitue donc une victoire, une preuve de puissance, de reconnaissance. C'est ainsi que les choix de Pékin ou de Rio qui font partie des "BRIC", sont représentatifs de la montée en puissance de ces pays, tant d'un point de vue politique et économique que sportif.

 

B. La pays hôte se mobilise :

création d'une dynamique

 

L'organisation des Jeux est avant tout l'occasion de montrer à la population du pays hôte qu'elle compte vis-a-vis du monde, qu'elle a un poids sur la scène internationale, qu'elle fait partie des grandes puissances mondiales.

Lorsque le gouvernement d'un état se lance dans une candidature de cette ampleur, il concentre tous les acteurs économiques, politiques et sociaux du pays sur ce sujet, ce qui permet de taire d'autres sujets qui pourraient le mettre en difficulté. C'est ainsi que les syndicats Français sont restés silencieux durant la campagne olympique de Paris pour ne pas donner d'arguments aux opposants qui insistaient sur le risque de grèves pendant les Jeux. 

En cas d'échec de la candidature, il n'y a pas vraiment d'effets négatifs pour le gouvernement dans la mesure où tous les acteurs ( qu'ils soient de gauche ou de droite) ont agi et perdent solidairement. Personne ne peut en tirer vraiment partie.

En revanche, le fait d'accueillir les Jeux Olympiques constitue une victoire politique qui soude toute une nation sur le long terme ( dès la phase de
candidature et jusqu’à la fin des Jeux Olympiques, soit une période de 11 ans) et entraine des effets psychologiques positifs sur l'ensemble du pays:

  • Le sentiment de fierté et de force que la population ressent. L'espace de quelques mois, le pays sera au centre de l'actualité mondiale. Il est dans  " la cour des grands"
  • Un consensus créé au sein du pays qui est à l'origine d'une dynamique et d'un élan de solidarité.
  • Une exemplarité : le pays se voit remettre les valeurs olympiques et se doit de les honorer.
  • Un projet commun souvent très audacieux qui pousse le pays à se mobiliser.

Le fait d'organiser les Jeux dans un pays déclenche donc des réactions positives au sein de la population, et comme on peut le voir sur cette video, cela est à l'origine d'un élan de solidarité ( ici representé par le CNO francais qui attend impatiement le jugement final), cela constitue donc une véritable victoire pour un pays ( Ici  Londres) 

 

 


C. Les Jeux Olympiques :

Un instrumentde propagande... risqué


 

Les jeux olympiques constituent donc une vitrine vers l'extérieur et un instrument de mobilisation vis à vis de la population. La force de cet outil a été bien comprise et utilisée dans l'histoire des Jeux. Nous gardons tous en mémoire les jeux de Berlin par exemple ou ceux de Moscou  dans lesquels la lutte entre le régime soviétique et américain a occulté les Jeux eux-mêmes.

  • Berlin en 1936 :


Cérémonie d'ouverture ( cf site )

Promotion de l'idéologie fasciste au monde entier ...

Les jeux olympiques de Berlin, se sont déroulés dans un contexte particulier. Adolf Hitler au pouvoir, les a organisés avec beaucoup d'éclats, voulant montrer la supériorité de la race aryenne sur le reste du monde. Ces jeux furent un succès de propagande internationale qui a permis au régime nazi de montrer sa puissance, par l’intermédiaire des cérémonies gigantesques et des nombreuses victoires des athlètes allemands (premier au tableau des médailles), préambule à ce que seront quelques années plus tard ses conquêtes militaires.  

 

...Atténuée par le succès sportif d’un athlète noir :

Cependant, à cette occasion, l’histoire retiendra que c’est un certain Jessie Owens, sprinteur noir américain, qui marqua ces jeux au plan sportif, en gagnant quatre médailles d’or sous les yeux des autorités Allemandes médusées. Le sauteur en longueur allemand qui était son principal adversaire dans une discipline remporté par le sprinteur, a même fraternisé avec lui. 

 

 

  • Moscou en 1980 :

« Combat sportif » au milieu de la guerre froide ...:

L’URSS en obtenant l’organisation des Jeux Olympiques voulait clairement affirmer sa supériorité sur les Etats-Unis. Pour cela, elle a mis en place des structures sportives afin de rendre ses athlètes beaucoup plus performants, n’hésitant pas à avoir recours à toutes les techniques non autorisées. Les exemples de dopage sont nombreux, les « sélections-déportations » d’athlètes qui sont retirés de leur famille pour devenir, à leur manière, les combattants de « l’armée Olympique ».

...refusé par les pays occidentaux :

Toutefois, à la suite de l'invasion de l'Afghanistan par l’URSS, 50 pays ont décidé de ne pas participer aux Jeux à titre de protestation. Même le CIO a envisagé de renoncer aux Jeux à Moscou. Les JO ont donc constitué un moyen de pression considérable visible par toute la planète et utilisés par les grandes puissances. La stratégie utilisée par l’URSS s’est donc retournée contre elle, puisque les Jeux ont véhiculés une image négative. Non seulement l’URSS n’a pas pu imposer ce combat à la communauté internationale, mais en plus, lorsqu’elle décida à titre de représailles de ne pas participer aux Jeux-Olympiques de Los Angeles en 1984, seul une dizaine de pays du bloc soviétique la suivirent.

  • Pékin en 2008 :

Le gouvernement chinois a fait des JO de Pékin une opération pour renforcer sa notoriété internationale, en se montrant capable d’organiser ces Jeux d’une part, en les gagnant, d’autre part.  Mais cette démarche n’était pas sans risque :

Ø  L’itinéraire de la flamme olympique a été perturbé par de nombreuses manifestations qui dénonçaient la limitation des libertés en Chine.

Ø  Sur Internet, certains blogueurs chinois dénonçaient alors ce "sport d'Etat" (propagande au travers des JO), très coûteux et ne correspondant pas à la réalité de la pratique sportive du pays. Ils y voyaient une approche idéologique comparable au dopage de certains athlètes (à l'époque du régime communiste).

Malgré tout ce qu'on a pu en dire, les Jeux Olympiques à Pékin en 2008 n'ont rien eu à voir avec ceux de Berlin en 1936 ou de Moscou. La Chine ne s'apprêtait pas à fondre avec ses tanks sur ses voisins ou à exterminer ses minorités, même les Tibétains ou les Ouïgours.

On remarque que les Jeux Olympiques ont un enjeu beaucoup plus large que le seul aspect sportif.  Le pays organisateur va utiliser les JO pour se façonner une nouvelle image pendant toute la période durant laquelle il en sera dépositaire aux yeux du monde. 

Les pays hôtes ressentent donc une certaine fierté, un certain orgueil, celui d'avoir pu et su accueillir un événement d’un tel ampleur, celui d'en avoir été jugé digne par la communauté internationale. Il s'agit à ce stade essentiellement d'un effet d'image, de perception. Mais il est intéressant de se demander si vraiment l'évènement modifie en profondeur la vie dans le pays organisateur. L'ouverture apportée par l'évènement olympique, le contact entre la population et les valeurs de Pierre de Coubertin ont-elles des effets marquants sur la population du pays organisateur.

 

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